• Nadine de ta race !

    Quand Nadine Morano a qualifié la France de pays de race blanche, si n’était qu’elle le fit et refit à son escient par esprit de rodomontade, on peut au moins lui reprocher d’avoir fait une faute de français, en l’occurrence l’usage du présent au lieu du passé.
    Même dans la bouche du grand Charles (citée par Peyrefitte), l’allégation était encore pratiquement exacte ; à cette époque, la France comptait peu de noirs (rappelons à propos que les arabes appartiennent à la race blanche) et le Sénégal, toujours autant. Il y a moins d’un siècle, la France, terre ancestrale d’immigration, était alors bel et bien blanche. Blanche de celtes, de germains, d’italiens, de polonais… Nos manuels citaient alors l’existence de trois races humaines : blanche ou caucasienne ; noire ou négroïde ; jaune ou mongoloïde. Ce fut après la décolonisation, le développement des transports internationaux et les grands flux migratoires que débarquèrent asiatiques, maghrébins et africains pour donner à la « race française » une mixité plus visible – et plus sensible – de couleurs et de cultures.
    Et d’une manière générale, il est désormais quasi impossible de classer les gens en fonction de leur race respective, tant celle-ci – pour peu qu’on puisse la définir scientifiquement – est le résultat d’un brassage migratoire tel que les rares différenciations génétiques qu’a pu créer un isolement prolongé ont été effacées. Seuls quelques groupes, tels les islandais ou les pygmées, peuvent encore se démarquer par le caractère endémique de leurs allèles, mais pas en terme de race.

     

    Nadine de ta race !

     

    Néanmoins, il n’y aurait pas de quoi émouvoir le landernau politico-médiatique si le terme « race » ne portait systématiquement en lui son dérivé suffixal, le mot racisme. Or, contrairement à ce que certains matons de la bonne pensance préconisent, gardons nous de ne pas jeter Nadine avec l’eau du bain. Le mot race a-t-il un sens autre que celui – maudit – dont on le revêt ?
    Les spécialistes de la botanique, de la zoologie et de l’anthropologie ont moins de scrupules à utiliser le concept de race – aussi flou soit-il – dans la mesure où les populations qu’ils étudient ne font pas (ou plus) l’objet d’une mixité aussi rapide que celle que connut l’espèce humaine. L’hybridation, la recherche de races pures ne sont pas taboues dans leurs disciplines car cet eugénisme ne concerne heureusement pas l’homme. Pour ces experts en catalogage du vivant, le terme race représente un sous-groupe de l’espèce.

    Selon la nomenclature taxinomique, on peut donc ranger Nadine, par groupe décroissant, dans :

    1. Le règne animal
      2. L’embranchement des vertébrés
      3. La classe des mammifères
      4. L’ordre des primates
      5. Le sous-ordre des hominoïdes
      6. La famille des hominidés
      7. Le genre homo
      8. L’espèce sapiens
      9. La race blanche (à vérifier)
      10. L’ethnie virago (confirmé)
      11. Le type blond (à vérifier)
      12. La tribu des sarko-républicains (jusqu’à quand ?)

     

    Nadine de ta race !

     

    Si les deux groupes qui caractérisent généralement un individu sont le genre et l’espèce définis par leur appellation latine (ex. : homo sapiens), on peut à foison multiplier les sous-groupes & ramifications sous les désignations les plus diverses, voire les plus farfelues. La race en est une. Comme dit supra, ce concept n’a plus de fondement scientifique, pour peu qu’il en ait eu, principalement au temps des conquêtes civilisatrices et du nazisme (la soi-disant supériorité de la race blanche)… En effet, on s’accorde aujourd’hui pour considérer que chaque homme est en soi, d’un point de vue génétique, une race à lui seul !
    Pourtant Alain Finkelkraut disait récemment que chacun est à même de faire la différence entre un individu de race blanche et un autre de race jaune, en l’occurrence un japonais. Il en appelait au bon sens commun. Mais sa conception raciale regroupe des critères de couleur de peau, de morphisme, voire de culture… Dans ce cas, bien sûr, la différence est aussi notoire que celle qui sépare un gros d’un maigre. Génétiquement, c’est un autre histoire… Il est inutile voire contreproductif de s’en prendre à ce mot ; ce n’est pas son sens qui importe, mais l’usage qu’on en fait. Finkelkraut a donc raison d’appeler un chat un chat.
    Si les FFI avaient rasé Nadine en 1945, c’eût été sa chatte, selon la loi des contraires.

    A bientôt peut-être…

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