• Décès en essais...

    Post spécial relâche estivale
    (en attendant le retour en septembre des chroniques du lundi…)


     

    Injection  létale :
    décès en essais…

    Mercredi dernier, un condamné à mort américain a agonisé deux heures avant de succomber à une injection létale. Voici en détail le roman exclusif de ce calvaire sans précédent.

    Un bourreau amateur
    Mercredi 24 juillet, prison de Florence en Arizona, USA. Il est 13H45, heure locale. Joseph Wood, condamné pour double meurtre en 1989, est allongé & sanglé sur son lit de mort, au milieu d’une petite pièce hexagonale. Grâce aux vitres qui l’entourent, procureurs, avocats, gardiens, journalistes, proches des victimes, élèves & professeurs etc. peuvent assister à l’exécution & témoigner que justice sera faite. Mais pas de médecin. Le serment d’Hippocrate le leur interdit (ceux qui passeraient outre seraient immédiatement poursuivis & rayés de l’Ordre…)

    C’est donc un des trois employés de l’administration pénitentiaire qui se trouvent dans la petite pièce hexagonale avec le détenu, qui va jouer le rôle conjoint de docteur & de bourreau. Il montre une seringue à l’assistance : elle contient le premier produit, un sédatif censé calmer les impatiences du prisonnier. A 13H52, le pentobarbital coule dans les veines de Joseph ; il est toujours conscient & éveillé mais nettement plus détendu… L’apprenti infirmier lui injecte ensuite un cocktail de midazolam & d'hydromorphone pour le paralyser & provoquer un arrêt cardiaque. C’est comme ça qu’on euthanasie les animaux en Chine d’où viennent ces produits frelatés, depuis que l’Europe bien pensante a cessé de fournir les USA.

    Mettre le paquet
    Cinq minutes plus tard, Joseph Wood ferme les yeux et cesse de respirer. L’infirmier bourreau prend son pouls ; le cœur bat toujours mais ça ne devrait pas durer. Tout se passe comme prévu. Encore quelques minutes à poireauter et on pourra tous rentrer chez soi, fier du devoir accompli. Quelques applaudissements résonnent même dans l’autre pièce ; ce sont les six écolières & leur institutrice, sans doute émues par la portée pédagogique du spectacle.

    Seulement voilà : à 14H02, la bouche de Joseph Wood se met à bouger.

    Il respire à nouveau puis commence à haleter & à grogner en secouant la tête de gauche à droite ; son visage se crispe dans d’horribles grimaces trahissant la douleur alors que ses paupières sont toujours closes… Le pseudo infirmier se tourne, perplexe, vers son chef de l’autre côté de la vitre. Ce dernier lui fait signe de mettre le paquet car il sait très bien que c’est le même produit qui valut à Clayton Lockett une agonie de quarante minutes avant l’issue fatale ; il n’est pas question pour lui de rater son exécution.

    "Je brûle !"
    D’une main tremblante, le gardien shooteur plante pour la troisième fois son aiguille de mort dans la veine cubitale du condamné. Il ne faut que deux secondes à la mixture chimique pour atteindre le cerveau et faire aussitôt bouillir le bulbe rachidien & le thalamus. Joseph se cambre d’un coup, les yeux grand ouverts & crie : « Je brûle ! » De violentes convulsions secouent son corps qui se tord dans tous les sens au point que ses sangles mettent sa peau à sang. Alors que les trois agents tentent de le maîtriser, il s’arc-boute une dernière fois en hurlant comme si un pieu lui transperçait le dos par le bas, avant de s’affaisser en vibrant de tout son être. Ses intestins & sa vessie se sont vidés ; sa blouse est trempée car il vient de perdre deux litres de sueur d’un coup ; une bave mousseuse lui sort de la bouche ; ses yeux tournent sans fin dans leurs orbites caves ; tout son corps est pris de tremblements incessants…

    Triple dose
    Le personnel & le public sont cois. Particulièrement agacé, le directeur de l’établissement pénètre dans la petite pièce en se pinçant le nez et enjoint son bourreau amateur de faire le job une bonne fois pour toutes. Désemparé, celui-ci obtempère aussitôt et prépare une quatrième injection ; mais cette fois, il prend une grosse seringue – réservée normalement aux intramusculaires – et la remplit d’une triple dose (soi-disant) létale. Roulant toujours des yeux, Joseph continue de trembler, les jointures en sang ; il balbutie son agonie dans une logorrhée plaintive d’où l’on perçoit les mots « mal », « pitié », « maman »…

    A 14H47 – soit après plus de quarante minutes de torture – le bourreau, les mains moites de sueur, s’évertue de planter la grosse aiguille dans le bras secoué par les spasmes, malgré les efforts acharnés de ses deux acolytes pour le maintenir en place. L’aine du coude n’est plus qu’une plaie à vif où se cache la veine récalcitrante, que l’aiguille charcute davantage à chaque tentative… Joseph a alors un soubresaut plus fort ; l’aiguille se plante dans l’os avant de se briser. Le supplicié pousse un hurlement strident. Il fixe son bourreau de ses yeux écarquillés d’effroi & de douleur.

    Dans la jugulaire
    Alors que l’employé remet en place une nouvelle aiguille sur sa seringue, le directeur s’intercale entre ses agents et place son index sur la veine jugulaire de Joseph. « Là », ordonne-t-il. Des spectateurs se lèvent de leur siège pour mieux voir. La plupart sont ébahis par le spectacle. « Dommage qu’on ne puisse pas filmer », chuchote à son voisin l’attorney de Florence. Les avocats pianotent sur leur portable.

    A 15H02, la tête immobilisée par trois paires de mains (dont celle du directeur), Joseph reçoit enfin par le cou sa triple dose de poison. Le liquide passe aussitôt dans le cœur avant d’inonder les synapses du cerveau. La majeure partie des neurotransmetteurs sont dissous ; les neurones du thalamus court-circuitent sous le déluge d’informations chimiques ; ceux du cortex reçoivent & relaient des signaux contradictoires qui enflamment tout le système central ; les circuits spinaux explosent ; les messages de douleur submergent les fibres A-delta en noyant les endorphines ; Joseph s’enfonce en enfer.

    Nerfs en surchauffe
    Il suffoque dans un concert de hoquets, tous ses muscles se raidissent & vibrent indépendamment en un chaos de crampes frénétiques. Ses dents se brisent sous les coups répétés de ses mâchoires, elles aussi en transe. Aucun son ne peut sortir de sa bouche en sang : ses cordes vocales se sont déchirées à force de se tendre sous l’assaut des ordres & contre ordres transmis par les nerfs en surchauffe. Le cœur bat à plus de deux cents pulsations par minute. Sans être inconscient, Joseph est coupé de son environnement : il ne pense plus ; il n’est qu’une incommensurable douleur brute qui embrase chaque cellule de son être…

    L’assistance est désemparée. Cela fait plus d’une heure trente que le calvaire infernal de Joseph a débuté. Le directeur est accroché à son téléphone, en attente de joindre le médecin de l’établissement pénitentiaire – déontologiquement absent, comme on le sait. Car il n’y a plus de produit. Les employés attendent les ordres, paralysés par l’effroi que suscite l’innommable torture infligée à ce pauvre type qui paie bien cher son crime. La moitié des témoins est partie, écoeurée jusqu’au malaise. Vingt longues minutes supplémentaires passent ainsi sans que rien ne change ; une éternité pour Joseph qui continue de s’épuiser dans une hystérie de mal pur.

    Epilogue

    Le directeur réussit enfin à obtenir le conseil qu’il attendait : appuyer fortement avec les pouces sur les deux carotides pour asphyxier le cœur. Les doigts sont moites & glissent sur la peau tendue. On appuie de toute sa force. A 15H49, Joseph Wood décède après 1H57 d’agonie. Record battu (aux USA).

     

     

    Décès en essais...

    Le supplice de la roue durait deux heures, lui aussi.
    Mais c’était au Moyen-Âge.

     

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  • Commentaires

    1
    Cloud François
    Mardi 29 Juillet 2014 à 12:00

    Voila une grande avancée pour l'espèce humaine. On en aime d'autant plus son prochain!

    Au suivant.

     

    CLOUD François.

    2
    Mardi 12 Août 2014 à 11:25

     Je n'ai pas à juger le bien-fondé de la peine de mort aux Etats-Unis (c'est leur choix) mais donner la mort à un homme dans de telles conditions et tout simplement indigne d'un pays qui se dit moderne et développé. 

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